Trois puissants princes de ces peuples belliqueux, depuis longtemps en guerre les uns contre les autres, avaient vu dans divers combats tomber leurs plus vaillants guerriers ; brûlant de venger leur mort, et de terminer en même temps, par une action solennelle et glorieuse, une guerre désastreuse qui aurait bientôt conduit à la ruine et à la destruction leurs sujets infortunés, ils se provoquèrent à un combat singulier, et, comme les Horaces et les Curiaces, ils résolurent de terminer par cette lutte suprême leurs longues dissensions ; quelle que fût son issue, la paix devait en être le prix, et l’oubli du passé la condition rigoureuse.
Le pic de la Cavalerie fut choisi pour théâtre de ce solennel combat, et les trois chefs, entourés des débris de leurs peuplades, entrèrent hardiment dans le funèbre champ clos ; au premier choc, l’un d’eux tomba pour ne plus se relever, et les deux autres engagèrent aussitôt une lutte furieuse et désespérée ; ils étaient égaux en bravoure et en résolution. Leur héroïsme étant le même, leur sort fut aussi pareil : mortellement blessés tous deux, ils tombèrent expirants sur le cadavre de leur ennemi.
Au lieu même du combat et sur leurs corps sanglants, leurs sujets, attristés et respectueux, se jurèrent une amitié éternelle et cimentèrent, par une alliance sacrée, cette paix qui devait être le prix du dévouement glorieux de leurs princes ; puis ils les ensevelirent sur le théâtre même de leur action sublime, et élevèrent les trois monticules appelés aujourd’hui encore : le Tombeau des trois Rois.
Louis de COMBETTES-LABOURELIÉ (1866)
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