Il y avait une fois un capitaine qui fut envoyé pour chercher les vents dans le pays où ils se trouvaient et les mettre à souffler sur l’Océan. En ce temps-là, il ne faisait ni vent ni vague, et les marins étaient obligés d’aller toujours à la rame, ce qui était bien fatiguant pour les pauvres matelots.
Le capitaine débarqua tout seul au pays des vents, les enferma dans des sacs bien clos et les apporta à bord de son navire, où il les mit à fond de cale. Les matelots ne savaient point quel chargement ils avaient, et le capitaine leur avait bien défendu d’y toucher ; mais un jour qu’ils s’ennuyaient parce qu’ils n’avaient point d’ouvrage, l’un d’eux dit à ses camarades :
— Il faut que j’ouvre un des sacs pour voir quel est le chargement du navire ; dès que je le saurai, je fermerai bien vite et le capitaine ne s’apercevra de rien.
Le matelot descendit à fond de cale et ouvrit un des sacs. C’était celui où était Surouâs (sud-ouest), qui s’échappa aussitôt et se mit à souffler si fort, qu’en un clin d’œil le navire fut enlevé en l’air et brisé en mille pièces. Les autres sacs furent crevés et les sept vents sortirent de leur prison. Ils se dispersèrent sur l’Océan, et depuis ils y ont toujours soufflé.
Paul SÉBILLOT (1887)
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