Notre-Dame-de-l’Épine

Notre-Dame-de-l’Épine doit également son origine à la découverte d’une merveilleuse statue de la Sainte Vierge, qui manifesta sa présence dans un buisson d’épines par une éblouissante clarté. On sait que Dieu se communique surtout aux simples, et que des bergers eurent l’honneur d’être convoqués les premiers au berceau de l’Enfant-Jésus. Pourquoi s’étonner si de pauvres pasteurs sont appelés dans les siècles du christianisme à constater la miraculeuse présence de Marie ? Aperçue des villages voisins, la vive clarté qui s’échappait du buisson d’épines attira bon nombre d’habitants avec leurs curés ; la statue merveilleuse fut solennellement portée dans l’humble chapelle d’un petit hameau dépendant de la paroisse de Melette, où des pèlerins accoururent de toute la Champagne, versant aux pieds de Marie de grosses offrandes pour lui élever une église digne d’elle. Ceci se passait en 1400, c’est-à-dire dans un temps où les Anglais commençaient à piller le beau royaume de France, quelques années avant la démence du pauvre Charles VI. Un habile architecte anglais, nommé Patrice, fut chargé de la construction de l’édifice, et s’engagea pour la somme de six cents francs à bâtir le portail et les deux tours. Les pierres, le bois et les autres matériaux furent fournis ou transportés gratuitement par les habitants de Melette et de Courtisols, de sorte qu’en 1429 le portail et l’une des tours étaient achevés. Patrice, qui venait d’apprendre le sacre de Charles VII et les exploits de Jeanne d’Arc, s’enfuit avec l’argent qu’il avait reçu « pour la confection des deux tours. » Le roi de France offrit aux marguilliers une somme considérable avec laquelle s’éleva la seconde tour dont le clocher fut surmonté d’une couronne royale. Les travaux furent bientôt continués jusqu’à la chapelle de Saint-Jean, c’est-à-dire jusqu’à l’endroit même où la miraculeuse statue avait manifesté si merveilleusement sa présence. Pierre Robert, religieux de l’abbaye de Toussaint de Châlons, et curé de Melette, obtint la translation de son église dans celle de Notre-Dame-de-l’Épine ; ses paroissiens l’y suivirent avec empressement, et fondèrent en quelques années le village de l’Épine.

Notre-Dame-de-l’Épine n’attire plus les pèlerins de la Champagne, mais ses sculptures et ses verrières indiquent encore son origine ; son jubé porte la miraculeuse statue de la Vierge découverte dans un buisson par les bergers. Ces souvenirs ineffaçables exciteront bientôt la piété des fidèles, et de toutes les bourgades sortiront de fervents chrétiens qui proclameront partout la puissance de Notre-Dame-de-l’Épine.

Alexandre ASSIER (1860)

 

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