Le Hoppou ou l’homme sans tête

Ecusson des Deux-Sèvres
Entre Le Bourgneuf et Chantemerle une partie de la forêt porte le nom de Bois-Brûlé.
Dans les communes environnantes, on raconte qu’à l’époque de la Révolution, on trouva dans le Bois-Brûlé un cadavre sans tête que l’on reconnut pour être celui d’un colporteur très connu et très estimé dans tout le pays. Malgré les plus minutieuses recherches, il fut impossible de retrouver la tête.
Depuis lors, on raconte que le colporteur revient tous les ans, pendant les nuits des Avents, errer dans le Bois-Brûlé à la recherche de sa tête. Il s’annonce de loin par les cris de hôop ! hôop ! prolongés et répétés à de longs intervalles. Aussi dans le pays l’homme sans tête n’est-il connu que sous le nom de Hoppou.
S’il arrive que l’on avance à la rencontre du Hoppou, les cris se font entendre de plus en plus rapprochés et alors, on voit arriver devant soi une grande forme humaine ; elle s’avance, mais on n’entend nullement le bruit de ses pas, et cette forme d’homme sans tête s’éloigne lentement en continuant de faire entendre son lugubre appel.
Beaucoup de personnes assurent avoir entendu les cris d’appel du Hoppou ; et plusieurs même certifient l’avoir vu. Monsieur Jousset, ancien garde de la forêt de Chantemerle, s’était souvent moqué de la naïveté de ceux qui dans les veillées racontaient la légende de l’homme sans tête, déclarant que depuis plus de dix ans qu’il faisait ses rondes de nuit dans toute la forêt, il n’avait jamais rien vu ni entendu.
Or un soir d’hiver, il revint d’une de ses rondes, très agité. Il y avait ce soir-là chez lui une réunion d’amis pour passer la veillée ; mais, malgré l’entrain de ses visiteurs, il fut sombre et distrait pendant toute la soirée, si bien qu’on le crut malade.
Depuis ce jour, on constata qu’il ne fit plus jamais de rondes de nuit. Ce ne fut que quelques mois après qu’il osa parler de ce qui l’avait tant émotionné. Il raconta alors à ses amis que ce soir-là, ayant entendu les cris de hôop ! hôop ! il s’était avancé dans la direction des appels, et que le Hoppou était passé à quelques pas de lui.

R. M. LACUVE (1902)

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