Les béotiens d’Ibos

Hautes-Pyrénées

Les habitants d’Ibos se rassemblèrent un jour pour tenir conseil à l’occasion de leur clocher ; alors un de leurs magistrats se leva au milieu d’eux et leur dit : 

- Messieurs, notre clocher est certainement remarquable par sa hauteur ; mais certes s’il était sur le sommet de cette montagne il serait aperçu et admiré de bien plus loin et deviendrait la gloire de notre cité. Je vote pour qu’on le transporte sur la côte du Gers.

Les autres crièrent bravo et l’on se mit à l’œuvre. 

Le clocher est entouré de cordes solides et tout le village convoqué pour cette grande opération s’attache aux câbles et tire dans la direction de la colline indiquée. Mais la corde trop faible pour un si grand effort, se rompt, et les citoyens d’Ibos de tomber pêle-mêle les uns sur les autres, l’un par ci l’autre par là, si bien qu’aucun deux ne savait plus reconnaître ses jambes. Ce fut une grande querelle, tous voulant celles de leur voisin. 

Passe un muletier d’Ossun ; les Ibosiens le prient poliment de les tirer d’embarras en indiquant à chacun quelle est sa paire de jambes. 

- Volontiers, mes amis, dit l’autre ; il se mit alors à frapper à grands coups de fouet ce monceau de jambes et on voyait de toutes parts les habitants d’Ibos se relever, en criant : 

- Celles-ci sont les miennes ! Celles-ci sont les miennes 

E.J. BAILLY (1835)

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