Un jour vint, cependant, où M. Agniel eut un remords, et résolut de relever le petit sanctuaire, sur la colline, à l’entrée de Valromey. C’était un passionné de l’archéologie. il voulut d’abord contrôler la légende, et s’aperçut qu’elle était tout simplement de l’histoire. On l’assit dans un fauteuil de partie, on le descendit, au bout d’une corde, jusqu’au-dessous du pont de la Dangereuse, et là, il découvrit une niche, et dans la niche, une statuette de saint Germain, patron du prieur.
Sur la terre ferme, il fit une autre découverte, celle d’une pierre sculptée aux armoiries de l’abbaye, et qui portait, autour de l’écusson, une guirlande de fers de mule. L’abbé n’en fut que p !us ardent pour restaurer un monument dont l’origine était maintenant certaine. Il quêta, il reçut, il bâtit, et, quand l’œuvre fut achevée, voulut illuminer. Comment faire ? Les petits lampions e.t les lanternes vénitiennes n’étaient pas très communs à. Vieu, vers 1860 et puis, la dépense eût été forte. On le crut du moins. Le registre nous apprend que, la première année, on fit venir de Lyon une forte lampe, avec son réflecteur et un sixain de kilogrammes d’huile de schiste. Ce fut d’un très pauvre effet.
Mais la seconde année, quand arriva la fête, l’abbé Agniel eut une idée de génie. Il demanda à ses paroissiens de la plaine et de la montagne d’apporter leurs lanternes, et les lanternes des laboureurs, des vignerons et des bergers firent à Notre-Dame-de-populo la plus populaire des illuminations.
René BAZIN (1901)
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